Le Grand rassemblement de Marcel Gagnon

La journée commence par la visite de l’étrange paradis de Marcel Gagnon à Sainte-Flavie : le Grand rassemblement. Composée d’une centaine de statues, cette œuvre d’art en plein air est pour le moins assez interpellante. Peignant d’abord ces statues, c’est en donnant une dimension 3D à ses personnages en 1986 que l’artiste développe son style bien à lui.

Certaines statues m’accueillent depuis le stationnement tandis que d’autres me tournent le dos pour faire face à la mer. Le temps est couvert, rendant l’ambiance encore plus mystique. Bercée par le bruit des vagues, j’observe ces êtres charismatiques dont les plus éloignés disparaissent tranquillement dans la mer au gré de la marée montante.

C’est à la suite de cette contemplation que mon chemin a croisé celui de Luca. Après quelques échanges, il accepte de me conduire jusqu’à Matane. Avant le départ, nous allons faire un petit tour au Centre d’art juste à côté afin de rencontrer Marcel Gagnon et Guillaume, l’un de ses fils, peintre lui aussi. Peignant leurs œuvres sur place, les membres de la famille se montrent toujours disponibles pour une petite jasette avec le public.

Luca et moi nous dirigeons ensuite vers Matane et même plus loin. Dès les premières minutes, cette rencontre a été magique, comme si nos chemins étaient destinés à se croiser. Arrivant de Saint-Jean-sur-Richelieu, il faisait le tour de la Gaspésie en une semaine et commençait son périple par un arrêt à Grosses-Roches, chez ses amis Ben et Ève. Il m’a proposé de le suivre pour la journée et, au final, c’est pour tout le temps de ses vacances que je l’ai accompagné.

Le paradis existe, il est à Grosses-Roches

Accueillis par Ben et Ève, nous voici dans un chalet tout en bois au bord de la route. Originaires de Montérégie, Ben et Ève ont acquis ce petit havre de paix l’année dernière. Cinq petites minutes de marche à travers le bois nous mènent au bord du fleuve où la marée monte tranquillement. Un paysage superbe s’offre à nous, j’ai des wow plein le cœur et la vue tellement c’est splendide. Je découvre une Gaspésie vierge où la nature a tous les droits. C’est exactement la Gaspésie que je m’attendais à voir, hors des sentiers battus et bien cachée des touristes.

Nous marchons tous ensemble au bord de l’eau tout en jasant. Luca, le tripeux de roches, ramasse toutes sortes de pierres; des blanches, des vertes, des brunes. Comme il ne peut se résoudre à faire des choix, il rapportera toutes ses trouvailles, fier comme un enfant qui a fait la découverte du siècle.

Cerise sur le gâteau, Ben et Ève possèdent également une petite cabane légèrement reculée dans le bois, sans eau ni électricité. C’est là que nous passerons la nuit, dans la mezzanine pas plus large que le matelas et dont la fenêtre entrouverte nous laisse voir et écouter le flot des eaux.

Mais avant le dodo, direction Les Méchins pour aller taquiner le maquereau sur le quai. À minuit, les poissons semblent dormir, car nous sommes repartis bredouilles de l’expédition. Seul Luca a pêché une étoile de mer que nous avons aussitôt remise à l’eau.

Au réveil, l’odeur du café préparé et livré par Ben nous ravigote. Quel luxe de savourer un café équitable sur la plage en se promenant de grosses roches en grosses roches (n’oublions pas que nous sommes à Grosses-Roches après tout!). Après un moment de contemplation, nous osons tremper nos petons dans l’eau froide du fleuve tout en laissant les rayons du soleil nous réchauffer la peau.

Un peu plus loin, trois phoques semblent être venus nous saluer avant notre départ… Moment inespéré qui clôt de manière parfaite ce séjour au paradis avant de partir pour le parc Forillon et Gaspé.

Lucie

(Photos de Lucie Bataille)